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samedi 15 février 2014

Les p'tites histoires de Jenn' #2 - La Bibliothèque de M. Linden

Bonjour :)
Comme promis aujourd'hui je poste la nouvelle que j'ai écrite pour le concours organisé par l'Ecole des loisirs. Elle se base sur une illustration des Mystères de Harris Burdick: Mr.Linden's Library.
Bonne lecture !!

(Au fait, je suis arrivée quatrième du concours à la librairie L'Ouvre-boîte !! Un grand merci au personnel de la librairie d'avoir accepté de participer à cet événement ainsi que pour le petit cadeau et merci au jury de m'avoir élue :) )



La Bibliothèque de M. Linden-
Mr. Linden's Library

   Kate était une jeune fille qui adorait les livres et la bibliothèque personnelle du vieux M. Linden était, évidemment, son endroit préféré. M. Linden habitait juste à côté et avait la bibliothèque la plus fournie du quartier, si ce n’est de la ville. Et, en grand amateur de livres qu’il était, il était toujours ravi d’ouvrir sa bibliothèque aux autres, aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Ainsi, Kate avait pris l’habitude de passer ses mercredi après-midi dans sa bibliothèque à feuilleter les nombreux ouvrages, allongée à même le parquet ou bien assise dans l’énorme fauteuil du propriétaire des lieux. Tout le monde pouvait demander à entrer dans la bibliothèque pour y emprunter un livre mais il y avait 3 règles à respecter : remettre les livres à leur place, ne pas les abîmer et surtout, SURTOUT, ne pas toucher au livre bleu. 


   Ce n’était qu’un banal livre de conte comme on peut en voit souvent, avec une couverture recouverte d’un tissu bleu et au titre doré, et pourtant M. Linden le gardait dans une vitrine comme un trésor. De temps à autre, Kate levait les yeux de son ouvrage et regardait d’un air envieux l’objet de tant de précautions jusqu’à ce que sa lecture en cours ne redemande son attention. M. Linden remarquait parfois l'étincelle dans son regard lorsqu’elle jetait un coup d’œil à son cher livre et il répétait alors de ne pas s’en approcher. 
   « On ne sait jamais ce qui pourrait se passer », la mettait-il en garde.


   Mais un jour, Kate fut à bout de ressource : elle avait déjà lu tous les livres qui lui faisaient envie et, à cet instant, rien ne la tentait plus que le livre bleu qui trônait fièrement derrière sa protection de verre. Elle décida qu’elle passerait outre les recommandations de M. Linden et qu’elle s’emparerait le soir même, discrètement, du livre pour le reposer le lendemain matin, comme si de rien n’était. Après tout, les livres de conte étaient faits pour être lu par des enfants et pas pour rester enfermés. Heureusement, le soir même, ses parents étaient partis dîner au restaurant et elle était allée pour la nuit chez M. Linden et sa femme. Ils dînèrent tous du délicieux repas préparé par Mme Linden puis vint l’heure d’aller au lit. Ils accompagnèrent Kate à l’étage dans l’une des chambres d’amis puis, après des bises et des « Bonne nuit », ils retournèrent au rez-de-chaussée pour à leur tour se coucher. Kate se coula alors dans son lit, éteignit la lumière et attendit patiemment son heure. Quand elle entendit enfin des ronflements monter du rez de chaussé, elle sortit tout doucement de son lit, descendit l’escalier en prenant bien garde à ne pas faire grincer les marches et se faufila à pas de souris jusque dans la bibliothèque pour ne pas réveiller M. et Mme Linden qui dormaient juste à côté. Elle s’approcha de la vitrine, retira délicatement le couvercle de verre, s’empara du livre et retourna aussi vite qu’elle put à son lit. 
   
   Elle sourit. Elle avait enfin entre les mains le livre interdit. Elle se mit à l’aise, rapprocha la lampe de son lit, ouvrit le volume et commença sa lecture. C'était un bon livre de conte avec des histoires pleines d'aventures, de romances et de frissons comme elle les aime. Elle dévora les pages les unes après les autres jusqu'à tard dans la nuit. Puis, ses yeux se mirent à picoter, ses paupières à se fermer et elle ne tarda pas à tomber dans un profond sommeil. Mais elle aurait du prendre la précaution de bien fermer le livre car il n'était pas comme les autres. C'était pour cela que M. Linden l'avait mis à l'écart : il ne fallait pas que quelqu'un l'ouvre et surtout pas Kate. Il l'avait prévenue au sujet du livre. Maintenant, c'était trop tard. Elle s'était arrêtée à l'histoire de La Belle au bois dormant et d'un coup, d'entre les pages, surgirent des plantes grimpantes. Du lierre, des ronces et du chèvrefeuille envahirent alors la chambre avant de s'attaquer au couloir, à l'escalier, au salon et de se faufiler par les bouches d'aération pour venir recouvrir la façade de la maison.

   M. Linden se réveilla en sursaut. Il lui sembla avoir entendu du bruit dans le couloir. Intrigué, il se leva, ouvrit la porte et se retrouva face à une mer de verdure. Des centaines de plantes recouvraient les murs et rampaient sur les meubles, renversant bibelots et photos. Pris d'un mauvais pressentiment, il se fraya un chemin parmi cette jungle jusqu'à la bibliothèque. Là, ses doutes se confirmèrent. La vitrine était vide. Il entendit alors comme des sanglots qui provenaient de l'étage. Sans perdre une minute, il partit chercher ses cisailles dans son atelier et monta quatre à quatre les marches qui menaient à la chambre de Kate. Quand il ouvrit la porte, il la trouva toute tremblante, la couverture remontée jusqu'aux yeux. La lampe avait été renversée par les plantes, qui avaient poussé à une vitesse incroyable, et gisait maintenant au sol, projetant des ombres inquiétantes sur les murs de la pièce. 


   - S'il vous plaît, fit une petite voix de sous les couvertures, aidez-moi à sortir de là. Je promets de ne plus recommencer.
   Le vieil homme commença alors à se débarrasser des feuillages et des tiges qui lui barraient le passage puis, quand il fut arrivé au livre, coupa toutes celles qui y prenaient racine. Alors, aussi soudainement qu'elles étaient apparues, toutes les plantes se mirent à dépérir avant de tomber en poussière. Kate se précipita alors dans les bras de son sauveur, qui tenta de la consoler.

   - Allons, allons, c'est fini. Je t'avais pourtant bien dit de faire attention. Certains livres, comme celui-là, ont un grand pouvoir et il suffit parfois d'une minute d'inattention pour que leur magie nous échappe. Nourris de notre imagination, ils peuvent alors faire de grands dégâts. Mais trêve de bavardage, le soleil va bientôt se lever et il ne faudrait surtout pas que ma femme retrouve la maison dans cet état. Je vais aller chercher deux balais et tu va m'aider à ranger tout ce bazar. Ça sera ta punition et j’espère que cela t'aura servit de leçon pour l'avenir.

FIN

1 commentaire:

  1. "Certains livres, comme celui-là, ont un grand pouvoir et il suffit parfois d'une minute d'inattention pour que leur magie nous échappe. " c'est très joli ! J'adore ta phrase :3

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